MINI-EVENT : le feu sous la Pleine Lune

Agacé, tu regardes le visage de braises qui te regarde du fin fond de la cheminée. Celle de ton appartement à l'académie. C'est ton supérieur, encore, toujours. S'il y avait bien une chose que cet homme savait faire à la perfection, c'était bien de t'empêcher de faire ton travail correctement ! Tu n'es pas sensé être ici, tu n'es pas sensé attendre qu'il daigne mettre fin à votre discussion pour aller accomplir ton devoir. Ton travail c'est pas d'écouter un politique qui essaie de t'apprendre ton métier. Non, tu devrais être dehors depuis plusieurs minutes déjà. Tu devrais être sur la plage, à vérifier qu'aucun Missi Dominici ne s'introduise dans la soirée pour perturber la fête. Tu devrais être là où t'es sensé être, et ce n'est pas là. La cérémonie a déjà commencé, tu as entendu certains professeurs s'y diriger en quittant leur appartement il y a déjà bien vingt minutes. Tu lèves une énième fois les yeux en l'air. Ton interlocuteur fait mine de ne rien remarquer.

- Si je remarque quoi que ce soit, je vous tiendrais immédiatement au courant. Maintenant, monsieur, si vous permettez, j'ai des élèves à surveiller. et sans attendre de réponse, tu lèves le sortilège et romps la communication inter-cheminée.

Tu auras peut-être un rappel à l'ordre pour avoir ainsi mis fin à la conversation, mais très clairement tu as une mission à accomplir. C'est tout ce qui compte. Par le biais de gestes hâtifs tu t'empares de ton manteau, de ta baguette que tu glisse dans son étui, accroché à ta ceinture, et tu sors. Grand Merlin que tu hais être en retard, alors tu précipite tes pas.

Mais plus tu te rapproches de la plage, plus une sensation bien étrange s'empare de toi. Elle s'enroule autour de tes poignets, contre ta cage thoracique. Quelque chose ne va pas, quelque chose cloche, il y a un problème et ça ne sent pas bon. Tu jures d'un souffle, bordel. Bien sûre que ça ne pouvait pas bien se passer, n'est-ce pas ? Evidemment qu'il allait y avoir une merde quelque part, c'est le monde magique après tout. Enfin, à priori, même pas. Y a des moldus sur la plage, tu les distingue, c'est ceux d'Oranmore, les civils. Des jeunes, des moins jeunes. Et tous semblent agir étrangement. Par Merlin, à nouveau, mais quelle plaie. Tu hâtes le pas. Puis là, quelque chose te fait t'immobiliser avant de ne redémarrer ton allure que plus vite encore. Un Kelpy. Non, oh non. Il ne manquait que les créatures, vraiment. Celles des eaux sont les pires, elles puent le sel et sont bien plus vicieuses que celles terrestres. Tu sais qu'il va falloir agir vite, et qu'il n'est pas question de tenter de cacher aux moldus présent que tout cela est bien d'ordre magique. Pour les plus idiots, la simple présence des Strangulots les feront se persuader que tout ça est un cauchemar. Et pour les autres...tu régleras ça après. Un oubliette est facile, et là il faut agir vite.

Tu sors ta baguette, malgré cette puissance inconnue qui s'introduit doucement dans tes os. Ta tête est légère, plus que d'habitude et l'espace de quelques secondes tu t'y complais. Que c'est agréable, de ne plus être soumis aux regrets, aux remords, aux souvenirs et traumas d'hier, et d'avant. Tu te ressaisis, tu essais. Tu as une mission. T'es un auror, t'as été formé pour contrer les forces psychiques extérieures. Tu grognes, ta machoire se crispe tandis que tu te tiens debout à quelques mètres du Kelpy, tu le jauges, tu sais qu'il est prêt à attraper quelqu'un, à charmer une pauvre âme inconsciente. Mais tu ne laisseras personne grimper sur son dos. Non, personne. Qu'importe la lune, ses rayons. Qu'importe sa voix apaisante qui te murmure de te laisser aller dans son étreinte.   

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Le feu sous la Pleine Lune

Le demi-géant se fait accoster par sa victime, petit bout de femme qui n'a pas froid aux yeux pour affronter un tel mastard; son amie à la bouteille d'eau les abandonne pour aller se donner en spectacle devant la foule, avec une danse sortie de nulle part et qu'il n'aurait jamais pensé voir venant d'elle. Et voilà que le cerveau du Lion commence à ne plus savoir quoi suivre. Il a l'impression d'être en partie saoul alors qu'il a à peine bu. Il a l'impression d'avoir un début de fièvre sans être malade. Il s'attendrait même à avoir la bouche un peu pâteuse, mais rien ne vient. Ses réactions, ses émotions qui remontent à la surface, elles lui semblent étrangères même si elles sont clairement bien à lui. Elle sont même terriblement lui, trop pour qui les laisse s'exprimer en temps normal. Normal est un mot qu'il n'utilisera pas là. Il tente de se concentrer sur une chose, puis une autre, les esprits s'échauffant autour d'eux à une vitesse qui n'a rien de naturelle. Puis un cri, de nouveau. Ça s'affole, mais pas à cause de la bagarre. Quelque chose cloche, quelque chose qui n'a rien à faire là. Certains sont incapables de mettre un nom dessus, d'autres le lâchent avec une incrédulité lacée d'un début de panique. Strangulots.

Il faut qu'il se reprenne. Il faut qu'il agisse. Il y en a ici - les moldus, ces Hommes plus faibles qu'eux - qui dépendent de ce qu'eux, sorciers, vont pouvoir faire. Si leur mémoire sera effacée dès que possible, personne ne pouvant risquer qu'un tel événement se répande de quelque manière que ce soit au sein de ceux qui ne pratiquent pas la magie, leur vie, elle, doit être protégée coûte que coûte. Des morts, dans le coin, il y en a suffisamment. Elles sont inexpliquées pour leurs proches, et elles sont trop nombreuses. Il ne peut pas y en avoir d'autres. Pas alors qu'ils peuvent faire quelque chose. Qu'ils peuvent intervenir, peu importe qui ils sont. Des membres du ministère, il doit y en avoir dans le tas, en tout cas il l'espère. Ils devraient s'en occuper. Ça ne l'empêche pas de reprendre suffisamment ses esprits pour récupérer la baguette abandonnée dans son manteau sur le sol. S'il était déjà chauffé par le combat qui s'était annoncé plus tôt, l'adrénaline frappe pour de bon quand il se jette dans la foule pour participer à sa défense. Si, inconsciemment, il en profite pour se diriger vers la blonde, pour tenter de la protéger en même temps, et bien soit. Il tente de les compter, ignorant le Kelpy qui semble déjà connaître ses ennemis. Il a un doute. Quatre. Cinq. Le mouvement général perturbe l'exercice mental, mais ça a l'air gérable, s'ils ne se tirent pas dans les pattes.

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Le feu sous la pleine lune

RP commun

Isaak le repoussait. Du moins, il essayait. Le loup sentait bien ces mains qui tentaient de le faire partir, de se décrocher de lui tout en empoignant sa fourrure pour qu’il reste. La lune avait une très mauvaise influence sur le voyant terrifié, qu’il n’arrivait pas à rassurer. Hors de question qu’il s’en aille en le laissant ici, quand le danger rôde de partout. C’est absolument hors de question, même si Isaak le pousse, fouille ses poches à la recherche de sa baguette, pour le menacer et l’obliger à partir. Ça ne marchera pas. Même s’il hurle très fort. Il sait qu’il est en danger, là, et encore plus que les autres, parce que la lune a une influence particulière sur lui, influence qui ne disparaît pas, comme pour les autres. Ça pèse sur ses épaules comme un poids de plus en plus lourd. Une erreur, et il bascule. Partir serait le plus intelligent. Loin de la foule, des gens qu’il pourrait blesser. Mais pas sans Isaak.

« Simplement des gens, des dizaines, réunis pour je ne sais pas quelle raison. Ils sont heureux d’être là. Ça rigole, ça chante. Puis une lueur astrale les recouvre. Et lorsqu’elle se retire, ils ont perdu la tête. Ils sont devenus fous. Ça crie. Ça hurle. Certains commencent à se retourner contre leurs amis. Ils sont devenus… Féraux. »

Les mots, prononcés quelques semaines plus tôt par Isaak, lui sautent à la mémoire. Isaak avait vu. Ils n’avaient pas pris leurs précautions. Et là, des gens étaient en train de mourir. Tout ça à cause de vous. Une voix, nouvelle, s’est infiltrée dans sa tête. Doucereuse et acide, supplantant l’habituelle petite voix caustique dans sa tête. N’écoute pas, mon frère ! Petite voix caustique, actuellement apeurée, réduite à un murmure. Trop tard. Pris de court, il écoute.

Vous auriez pu prévenir les profs, mais vous ne l’avez pas fait. Tout le monde meurt à cause de vous. C’est de sa faute, parce qu’il a préféré oublier, ce lâche, ce trouillard - le grondement du loup coupe la voix, qui comprend que pour prendre le contrôle de la bête, elle ne doit pas s’en prendre au voyant. Ou plutôt si. Mais différemment. Regarde-les s’agiter comme des insectes ; comment réagiront-ils en apprenant que vous saviez ? C’est lui qui va mourir. Pas toi ; trop grand, trop fort, trop menaçant, ils auront peur de t’approcher. Mais lui ? Ils lui feront du mal, il paiera pour la perte de leurs proches, il va mourir à cause de toi, parce que tu es incapable de le protéger.

Sans s’en rendre compte, le loup perdit pied. Cette nouvelle petite voix dans sa tête disait la vérité, et l’autre pouvait lui hurler aussi fort qu’il voulait de ne pas écouter, la voix avait raison. Isaak allait mourir, et c’était entièrement de sa faute. Il avait fait tout son possible pour le protéger, le tirer à l’abri, mais le voyant allait quand même mourir quand les survivants apprendraient qu’il avait eu une vision deux semaines avant, et qu’il n’en avait parlé à personne. Ils allaient se venger sur lui, lui faire payer la mort des autres, le désastre de cette nuit, parce qu’il savait et avait décidé de ne pas en parler. De recycler ça dans un carton et de faire comme si sa vision n’avait jamais existé. Et il se retrouverait tout seul, parce qu’il était incapable de protéger sa meute.

Comment vont-ils s’y prendre, à ton avis ? Crois-tu que tu pourras le protéger en permanence ? Regarde, ils ont déjà un grand feu allumé, ils pourraient l’utiliser de suite. Tu le protégerais, là ? Une morsure, et tu tues quelqu’un. Tu crois que tu pourrais le protéger, à Azkaban ? Non, il va mourir, et c’est de ta faute. Bats-toi autant que tu voudras. Il mourra quand même, à cause de toi.

La peur. Il n’avait jamais ressenti cette émotion aussi fortement qu’actuellement. Le loup était terrifié. Les oreilles plaquées en arrière, il remuait la tête pour essayer de faire partir la petite voix pernicieuse aux mensonges teintés d’une vérité cauchemardesque. Isaak ne va pas mourir, mon frère, calme-toi. Le loup essaie tant bien que mal de calmer l’humain effrayé, très proche de la perte totale de contrôle. La nuit n’avait pas besoin de rajouter un loup-garou en roue libre au milieu de ce chaos sans nom. Et s’il faisait du mal aux gens ? Et s’il tuait quelqu’un ? Et s’il tuait Isaak ?

Entre tes crocs ou entre leurs mains, qu’importe puisqu’il va mourir ? Tu lui ferais une faveur ; loup, il serait inattaquable. Tout le monde a peur des loups.

Non. Racisme, peur, haine. Pas d’emploi stable, terreur dans les yeux des gens, rêves brisés à jamais. Non, il ne pouvait pas lui faire subir ça. Tout le monde a peur des loups. Mais ça le tiendrait en vie. Mais ça briserait sa vie à jamais. Tout le monde n’a pas peur des loups, mon frère. Regarde-le. Il a peur, lui ? Souffle clair et confiant dans son esprit. Sa mère n’avait jamais eu peur de lui. Isaak dormait avec lui-même durant les pleines lunes, se faisant une place confortable dans sa fourrure et entre ses pattes, qui auraient pu le tuer mais qui l’enserraient avec douceur. Non, tout le monde n’avait pas peur des loups, et cette simple vérité mettait à mal la petite voix pernicieuse dans son esprit apeuré. Elle avait perdu.

Crois-tu, mon fils ?

Sur un dernier ricanement, la petite voix disparut, laissant sur place la terreur qui l’habitait. Foutue lune. Mon fils, ça ne pouvait venir que d’elle, puisque les loups-garous sont appelés les enfants de la lune. Cependant, il fallait qu’il s’en aille, et qu’il mette Isaak à l’abri, très vite. D’autant que la lune avait agi comme efficace diversion, car des créatures étaient sorties de l’eau. Et l’une d’elle, d’un vert marais aux doigts crochus, s’approchait dangereusement d’eux. C’était quoi cette merde encore. Strangulot. Agressif envers les humains et probablement rendu dangereux par la lune. Le loup n’avait rien à craindre. Aucune petite créature ne s’attaquerait consciemment à un loup-garou capable de l’ouvrir en deux d’un coup de patte. Agressif envers les HUMAINS, j’ai dit ! Merde. Isaak. La créature de l’eau se dirigeait vers Isaak qui ne l’avait pas vu approcher. Les oreilles du loup pointèrent en avant tandis qu’un long grondement d’avertissement menaçant roulait dans sa gorge. T’approche pas de lui ou je te bute ! Le strangulot l’ignora, et sauta sur Isaak.

Essaya, du moins.
Le loup-garou avait bondi pour l’attraper en plein vol.

Les crocs du loup se plantèrent sans pitié dans le strangulot, dont le cri d’attaque féroce se transforma en couinement de douleur pure. Le venin dans sa salive faisait déjà son œuvre. Que ce soit maintenant ou plus tard, le strangulot mourrait. Tant pis pour lui. Un deuxième, qui s’approchait, recula prudemment, considérant que la proie facile était finalement trop bien protégée et qu’il ne voulait pas finir comme son camarade. D’un mouvement de tête, le loup envoya sa proie valdinguer dans les airs, lui faisant faire une belle parabole avant qu’elle ne s’écrase dans l’océan. Le regard ébène du loup se planta dans les yeux de l’autre strangulot, et il se plaça en position d’attaque, grondement hostile, griffes sorties, crocs poisseux au clair. La créature magique s’enfuit en courant, mais le lycanthrope ne bougea pas, se posant en rempart entre Isaak et le danger.

Tous ceux qui voudraient la vie du voyant devraient d’abord lui passer sur le corps.

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Le feu sous la Pleine Lune

La plage a des allures de bataille qu’elle ne devrait pas avoir. Les cris, étouffés par le rythme de son propre cœur dans ses oreilles, n’ont pas leur place en ce lieu. Au fond, tout au fond, il ne peut s’empêcher de se demander si c’est leur faute. Si c’est leur présence à eux, sorciers, qui cause tout ça. La célébration de la pleine lune, c’est une tradition chez ces moldus-là, et il n’a pas eu écho d’un tel fiasco sur les fois précédentes. Ils étaient motivés, enjoués. Ils semblaient extatiques à l’idée de fêter ça ce soir. Et voilà que des créatures qui ne sont pas les leurs se mêlent à eux, attaquant ceux à portée sans distinction du sang ou des capacités. La question mérite surement d’être posée, mais personne n’a le temps de le faire.

L’Anglais joue des coudes pour se frayer un chemin dans la foule qui cherche à s’éparpiller dans toutes les directions à la fois, chaque tentative plus improductive que les autres. C’est surtout ça, qui risque de poser problème, et non les Strangulots qui sèment la panique. Frêles, plus agressifs que solides, un groupe calme n’en ferait qu’une bouchée - comme le loup-garou plus loin qu’il ne remarque pas, que personne ne semble remarquer. Mais là, avec des moldus autour, avec le brouillard dans leur tête, personne ne semble parvenir à réfléchir suffisamment pour tenter de reprendre un peu le contrôle. Les cris du Lion pour les inciter à bouger dans une seule et unique direction sont perdus dans l’air, mêlés au reste, incompréhensible. Lui-même ne parvient pas à récupérer complètement sa tête. Alors il attrape la main de Willa quand celle-ci se précipite vers lui, ignorant l’unique mot qu’elle lâche, l’air perdu peint sur son visage. Le sort qu’il lance frappe l’une des créatures de plein fouet et il tente de protéger la blonde de son corps contre la foule qui semble se fendre en deux alors qu’il est planté là, contre les bêtes qui crachent leur mécontentement, leur nombre se réduisant à un rythme rassurant. Il est partagé, prêt à pousser son amie vers la ville, la forçant à se mettre à l’abri, mais incapable de lâcher sa main. Il a trop peur de ce qui pourrait lui arriver, seule au milieu du chaos. Il pourrait fuir avec elle, fuir à grandes enjambées, mais il ne peut pas ne pas aider. Il ne peut pas partir en espérant que quelqu’un arrive pour faire le travail. Sur l’instant, il ne peut être prêt qu’à les défendre, qu’à la défendre.

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Le feu sous la pleine lune

RP commun

Son grondement de haine roule dans sa gorge avec suffisamment de force pour faire reculer les strangulots, qui devaient sentir que le rouge qui gouttait de ses crocs était le sang de l’un de leurs congénères. Pourtant, Isaak était une proie tellement tentante. En crise de panique, il n’avait pas vu le danger venir. Le kelpy, heureusement, était maintenu loin d’eux par ce qui semblait être un Auror en service. Très bien. Il n’avait pas à se soucier de ça. S’il s’approche, fais-en des putain de lasagnes, de ce canasson de merde. Le loup aime bien l’idée. En plus, les lasagnes, c’est bon.

Heureusement, il n’est pas le seul à s’être réveillé. Flynn attaque, tenant fermement la main de Willa pour la protéger du danger. La pauvre botaniste a l’air à côté de ses pompes, sans doute à cause de l’influence de la lune. Rapidement, la baguette de Flynn fuse, et un sort claque, faisant voler un des quatre strangulots restants. Droit vers eux. Droit vers Isaak. Le loup n’a pas le temps d’intervenir que le strangulot tombe sur le voyant, mains levées, doigts griffus prêts à frapper. Not on my watch, bitch ! Sans s’embarrasser de fioritures - grondements, menaces, tout ce qu’il faut pour intimider - le loup bondit pour percuter la créature, tandis que ses crocs claquent d’un coup, se refermant sur le monstre qui a clairement moins de chance que l’autre strangulot.

La vie du strangulot s’échappe entre ses crocs. L’avantage, c’est que les autres, traumatisés par le spectacle, par le sang vermeil dans le pelage ébène du loup, se dispersent en piaillant, ayant fini par comprendre qu’attaquer l’humain recroquevillé sur lui-même était synonyme de mort brutale et violente. La créature aquatique a encore quelques soubresauts avant de s’immobiliser, et la réalité frappe le lycanthrope comme un coup de tonnerre. Merde. Merde, merde, merde. Le loup ouvre la gueule, et le strangulot tombe au sol. Il sera sans doute puni pour ça, mais actuellement, il s’en fiche. Putain merde non c’est pas vrai… S’il l’avait pu, l’humain aurait vomi de dégoût. Mais la volonté du loup est trop forte. Quand on dit qu’on tuerait pour protéger la meute, mon frère, ce ne sont pas des paroles en l’air. Oui, mais quand même… Il venait de tuer.

Tuer, et de sang-froid, en plus de ça. Et tu oses prétendre ne pas être un monstre, mon fils ? Il n’y a que les monstres qui tuent. Cache-toi derrière ta misérable potion si ça t’amuse ; tu restes un monstre, et un tueur. Peut-être qu’ils te feront brûler avec le voyant avant que tu ne les attaque tous. Après tout, c’est dans ta nature, non ?

Non. Absolument pas. Il a fait ça pour protéger Isaak, et ça a marché. La menace s’est éparpillée de panique - parce qu’ils avaient eu peur de lui. Merde. Et si la lune avait raison ? Et s’il était un monstre ? Et s’il ne faisait que lutter contre sa nature ? Les oreilles du loup se baissent tandis qu’il retourne vers Isaak, inquiet, et pas seulement pour le voyant. Pour lui. Mille et une questions se bousculent dans sa tête. Serait-il mieux sans potion ? Sans potion, pas d’Isaak pendant les pleines lunes. Il était vraiment dangereux, sous forme de loup. Et s’il se retournait contre les autres ? Pourquoi on ferait ça ? Son regard inquiet se pose sur Isaak, toujours recroquevillé sur lui-même, en panique à cause de la lune. Pensée de panique, que la lune capte immédiatement.

Vraiment, mon fils ? Vraiment ? Tu crois que c’est l’amour qui le fait rester ? Mais regarde-toi ! Sans lui, tu ne t’en sortirais pas. Comment aurais-tu eu ton aconit sans son aide ? Comment paierais-tu le loyer sans lui ? Tu l’appauvris, tu le ralentis, il serait tellement mieux sans toi ! Pourquoi reste-t-il, tu dis ? Peut-être parce qu’il a trop peur de ta réaction s’il partait ? Regarde-toi, monstre tueur barbouillé de sang ! Pour quelle raison ne serait-il pas terrifié de tes réactions s’il décidait d’enfin te quitter ?

Le loup n’a pas le temps de réagir que d’un coup, du monde envahit les lieux. Aurors, oubliators et médicomages apparaissent d’un coup pour prendre tout le monde en charge. Dès qu’on le remarque, quatre Aurors se détachent du lot pour converger vers lui - vers eux. On veut l’éloigner d’Isaak. Le loup découvre immédiatement les crocs. Non, pas aux Aurors ! La volonté humaine reprend le pas sur celle du loup à mesure que le soleil se lève et les crocs se recouvrent tandis que les envoyés du ministère l’emmènent loin d’Isaak. Les couinements de panique du loup se font immédiatement entendre à mesure qu’il s’éloigne du voyant qui reprend doucement ses esprits. Non, non, non, faut pas l’éloigner d’Isaak, il a besoin de lui, il a -

Il serait bien plus heureux sans toi.

Sur un dernier coup de poignard, la lune disparaît, et les contours du loup commencent à trembler. Craquements d’os et de gueule tandis que tout se remet en place. Les Aurors grimacent, le loup-garou ne bronche pas après vingt ans d’habitude, et en quelques minutes, c’est un être humain qui se retrouve à la place de l’imposant loup noir. Un humain aux yeux de nuit. Gris. Bleus. Recroquevillé au sol comme Isaak quelques instants avant. Les reproches des Aurors coulent sur lui comme de l’eau. Il n’aurait pas dû faire ça, même sous aconit, c’est dangereux, il aurait pu tuer quelqu’un, il aurait pu -

« Faire votre taf à votre place en empêchant un mec fou et deux strangulots de tuer mon mec ? Y a pas de quoi, vraiment, persifle-t-il sans s’embarrasser des convenances. Ça vous dérangerait pas de me trouver un putain de manteau ? Je suis à poil là, merde ! »

Les Aurors n’ont pas le temps de protester de son langage et de son manque de respect flagrant qu’une silhouette se faufile entre eux, et un manteau qui n’est pas le sien se pose sur ses épaules et se referme autour de lui. L’odeur tant connue heurte son nez et ses bras se refermèrent immédiatement autour du nouveau venu. Soulagement intense. Pincée de culpabilité quand il se rappelle ce que la lune lui a dit. Isaak était terrifié et ne restait que par crainte de ses réactions. Mais qu’importe ; il était en vie, et pour le moment, c’est tout ce qui comptait.

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