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 The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)

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Tormaigh
Kieran Rutherford
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Tormaigh

MessageSujet: The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)   The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak) EmptyDim 24 Nov - 17:47

The risk I took was calculated,
but man, I'm bad at maths
Kieran & Isaak


Tout le monde n’avait pas survécu à la pleine lune. Il y avait eu des morts à cause des strangulots, surtout chez les moldus qui n’avaient aucune idée de ce qu’ils affrontaient et qui, en plus, avaient été rendus fous par la lune. Les sorciers aussi avaient eu ce problème, même si eux avaient su réagir, pour la plupart. Bon, pas comme Willa qui avait chanté du Britney Spears à tue-tête cela étant, certains s’étaient vraiment rendus utiles - désolée Willa. Très peu de sorciers étaient morts puisqu’ils avaient la magie pour se défendre - ou, quand ils ne pouvaient pas le faire, d’autres pour le faire à leur place. Comme Isaak, qu’il avait protégé des strangulots trop heureux de voir une victime en crise de panique offerte sur un plateau d’argent. Ils avaient déchanté en voyant que la victime parfaite était protégée par un loup-garou territorial et agressif, qui avait tué deux des leurs, trop stupides pour comprendre qu’il ne faisait pas que gronder.

Mais depuis, Isaak ne lui parlait plus. Il le fuyait, c’était très clair, et Kieran savait pourquoi. La lune, encore, cette foutue lune qui lui avait murmuré des phrases qui, sur l’instant, sonnaient si vraies, mais qu’au final il avait réussi à repousser en se posant pour y réfléchir un peu. Non, il n’était pas un monstre. Ou un tueur. Les strangulots avaient attaqué malgré ses mises en garde. C’était eux, ou Isaak. Le choix n’avait pas été bien dur. Et non, Isaak ne restait pas parce qu’il avait peur de lui. Ils s’étaient pris le bec plusieurs fois, chose normale en dix ans de relation, mais il n’avait jamais vu de peur dans son regard gris sombre. Juste beaucoup de fatigue, quand il n’avait pas assez dormi, et de culpabilité, quand il réalisait ce qu’il lui avait lancé à la figure sous le coup de la colère. Isaak avait dû entendre des choses, dans sa tête, reflets de frayeurs profondément enterrées qui étaient ressurgies d’un coup.

Kieran avait bien tenté d’aller lui parler, mais le voyant semblait mettre beaucoup d’application à l’éviter. Alors au bout du troisième jour, il avait arrêté, en se disant qu’il reviendrait quand il serait prêt. Il ne le sera jamais, avait murmuré le loup dans le creux de son oreille, il a besoin qu’on lui force la main, comme pour ses dessins. L’humain n’avait pas relevé, se disant que, pour une fois, il pouvait bien laisser Isaak tranquille, y aller à son rythme. Le voyant lui avait fait promettre, après l’épisode aconit, de toujours venir le voir en cas de problème, qu’il soit mineur ou majeur. Qu’il ne devait plus paniquer tout seul ou tenter de résoudre seul ses crises. Kieran avait promis, juré, mais pas craché parce que c’est sale et passible d’une amende qu’il n’avait pas les moyens de payer. Il s’était attendu à ce que la réciproque soit vraie… Mais ça faisait une semaine, et Isaak le fuyait toujours, tellement que le lycanthrope avait fini par se dire avec un fatalisme triste que la lune avait raison. Isaak avait peur de lui, et il le fuyait parce qu’il ne savait pas comment le quitter sans mettre sa vie en danger.

S’ils dormaient encore ensemble, Kieran ne posait plus de questions. Isaak dormait déjà quand il arrivait, en général. Il se couchait et se levait beaucoup trop tôt, et séchait beaucoup trop de cours, à tel point que si, les premiers jours, il avait eu la gentillesse de les lui prendre, il avait quand même dû agir, intercéder auprès des profs en parlant du traumatisme de la pleine lune, et promettre qu’il serait présent au prochain cours. Puis il allait demander à Isaak, avec douceur, sans le brusquer, de venir quand même pour ne pas s’attirer d’ennuis. Peu lui importait que la présence ne soit que physique, il pouvait toujours lui prendre ses cours si le voyant ne suivait pas, mais au moins, il était là, et les profs lui lâchaient la grappe. Oui mais ça ne peut pas durer. Puisque tu ne veux rien faire, alors moi, je vais le faire. Les reproches du loup coulaient sur lui comme de l’eau, parce qu’il était trop occupé à tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être dans leur relation, trop effrayé à l’idée qu’Isaak s’en aille pour de bon. Et puis en général, le loup n’agissait pas beaucoup ; il lui donnait juste l’impulsion nécessaire pour qu’il le fasse lui.

Aussi, ce matin-là, son sac sensiblement plus lourd ne l’inquiéta pas plus que de raison. Il devait être fatigué. Avec tout ça, il manquait de sommeil, et puis ses propres angoisses pesaient lourd, aussi. La matinée était passée, longue et ennuyeuse. L’anthropologie, généralement très intéressante, n’avait pas su attirer son attention, et l’arithmancie, qui le fascinait, requérait une vivacité mentale que son épuisement actuel ne lui permettait pas d’avoir - d’autant qu’Isaak avait encore séché. Il ne pouvait pas l’obliger à venir en cours - il était son mec, pas sa mère - mais ça l’inquiétait toujours de ne pas voir l’autre américain avec lui, parce qu’il l’imaginait se morfondre dans la chambre. Et en portant la main à son sac pour prendre des notes à la place d’Isaak, ses doigts avaient attrapé quelque chose qui n’aurait jamais dû se trouver là. Quelque chose de doux sous ses doigts, de fin et aérien, dont il reconnaissait la texture. Pour en être bien sûr, il le sortit à demi du sac, et son cœur rata un battement. Le châle d’Isaak. Celui de sa mère décédée, dont il tenait comme à la prunelle de ses yeux parce que c’était la seule chose, le seul souvenir matériel, qu’il avait d’elle. Comment est-ce que ça avait pu se retrouver dans son sac, bordel ?! Pas étonnant qu’il sèche, il devait retourner le salon et la chambre en panique pour le retrouver !

A la fin du cours, Kieran avait rangé ses affaires en vitesse et quitté le cours le premier. Le prof n’avait même pas eu le temps de l’attraper pour lui parler de l’absence d’Isaak que le lycanthrope était déjà à l’escalier, qu’il montait quatre à quatre pour atteindre le deuxième étage, entièrement dédié aux dortoirs étudiants. Il était quasi vide à cette heure-ci, tout le monde était en bas en train de manger. Pas Isaak. Il n’avait pas besoin d’être transformé en loup pour sentir son odeur partout, et surtout l’odeur tenace et âcre de sa panique. Panique d’avoir perdu le châle, de ne jamais le retrouver, de perdre sa mère une deuxième fois. Sans s’encombrer des regards surpris qu’on lui lançait, il traversa la salle commune comme une balle de fusil, courant presque vers l’aile gauche où était leur chambre - courant, finalement, dans le couloir, pour atteindre leur chambre le plus vite possible.

« Isaaaaaaak ! Sa voix portait loin, très loin, et la panique lui faisait monter quelques octaves de plus. Je l’ai, je l’ai, c’est moi qui l’ai ! »

Il pila devant la porte en catastrophe et l’ouvrit avec trop de force, pour se retrouver face au chaos. Et il ne parlait pas de l’état de la pièce, retournée par le voyant terrifié d’avoir perdu son châle, mais du voyant en lui-même, en boule sur le lit, tellement au fond du trou qu’il ne devait même pas se rendre compte qu’il pleurait - et même pas se rendre compte de la présence de son petit copain. En hâte, il sortit le châle de son sac, se dirigeant en deux grands pas vers l’artiste, dépliant l’étole pour la poser sur ses épaules et l’enfermer dedans. Le comportement d’Isaak changea immédiatement tandis qu’il attrapait le châle pour le serrer contre lui sans s’arrêter de pleurer, passant de la terreur panique à un soulagement tellement intense que ça en faisait extrêmement mal au cœur.

« Je suis désolé, il était dans mon sac, je sais pas du tout comment il s’est retrouvé dedans, je te jure que j’ai pas fait exprès, désolé, désolé, désolé… Sans réfléchir, il referma ses bras autour du voyant pour le serrer avec douceur contre lui, un geste qu’il n’avait pas fait depuis une semaine, et qui lui avait énormément manqué. Tout va bien Isaak, tout va bien, c’est promis, tout va bien, je suis là, je t’aime, je suis là, tout va bien… »

Paroles réconfortantes, prononcées avec beaucoup de douceur et d’amour pour rassurer son voyant dans tous ses états. Comme pour lui prouver que malgré cette semaine de merde, il l’aimait aussi fort qu’au premier jour, et qu’Isaak pouvait prendre tout le temps qu’il voudrait pour lui parler de ce qu’il avait subi à la pleine lune. Il attendrait, loup patient, qu’il soit prêt à se livrer, sans jamais cesser de l’aimer malgré son besoin de solitude aussi violent que soudain.

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Kieran Rutherford
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MessageSujet: Re: The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)   The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak) EmptyDim 24 Nov - 20:01

Le châle de Maman a disparu.

Quoi ? On arrête. On rembobine. On recommence. On passe le pas de la porte. On se dirige vers la malle au pied de son lit. On ouvre délicatement celle-ci, même si on est seul dans le dortoir - tous les autres étant sagement en cours, comme il devrait l'être également. Et puis... Rien. Le châle bleu clair à fleurs n'est pas posé sur le sommet du monticule d'objets qui peuplent le coffre, comme il aurait du l'être.

On respire un grand coup. On ne cède pas immédiatement à la panique. Après tout, il a tendance à être désordonné, le petit. Ce n'était pas la première fois qu'il oublierait ce précieux bout de tissu sur un canapé de la salle commune, le dossier d'une chaise à l'une des tables d'étude. On fouille d'abord sous le lit, sous les couvertures, sous l'oreiller. Dans l'armoire, sur le bureau, dans l'un des tiroirs de celui-ci. On hésite à fouiller dans les affaires des autres, à tout retourner mais c'est difficilement explicable sans les accuser de vol. Et pour l'instant, ce n'est pas réellement la solution qui traverse l'esprit. Non, il doit être ailleurs.

Alors, on repasse la porte dans l'autre sens, on dévale les escaliers en toute hâte, sans discrétion. Heureusement, on ne bouscule personne puisque la majorité des gens sont dans ces salles qui s'alignent, qui défilent dans sa course effrénée.

Sauf que même là-bas, il n'y a rien. Rien de chez rien. Pas de trace de cette laine bleu ciel qui en avait tant vu. Rien. Pas entre deux coussins, ni abandonné au sommet d'un fauteuil ou en boule dans un coin.

Le châle de Maman a disparu. Réellement disparu. Envolé de la surface de la Terre.

Isaak revient au dortoir, ne sachant que faire. Le châle ne disparaissait jamais. Au mieux, il l'oubliait mais on lui rapportait bien vite. Mais là... Il est certain de l'avoir repris avec lorsqu'il était rentré hier soir et de l'avoir ranger où il devait être rangé. Sauf que ce matin, plus rien à sa place. Plus de châle.

Le châle de Maman a disparu et au final, Maman meurt une deuxième fois. Une deuxième fois de trop.

Il retourne tout. Absolument tout. Même les affaires de ses colocataires - terriblement désolé. Mais l'étoffe chérie est introuvable. Et si Maman meurt une deuxième fois, Isaak avec. Il sent son coeur se déchirer en millions de petites pièces incollables entre elles.

Il se revoit devant la tombe, du haut de ses neufs petites pommes et les pelletés de terre claquer sur le cerceuil de noir laqué. Il se revoit rentré après l'enterrement, petite mimine dans la main rugueuse de son père ; tous les deux prêts à en découdre et à éloigner les affaires de la défunte de leurs douloureux souvenirs. Tout ce qu'il se permet de garder, c'est ce joli châle traditionnel, en laine, bleu clair à fleurs, qu'elle jetait sur ses épaules les soirs d'automne assez frais, alors que le concierge n'avait pas encore décidé d'allumer le chauffage communautaire. Presque comme au Pays, disait maman, avant d'enchaîner avec une histoire où il fallait triompher de la terrible Baba Yaga. Au début, c'était réconfortant, de sentir encore le parfum de Maman autour de ses frêles épaules. Surtout quand Papa partait loin, loin dans son monde à lui, peuplé de Ludmilla encore jeunes et bien vivantes.

Avec le temps, c'était devenu un réflexe. Dès que les obligations sont finies, on court avec hâte le chercher et on s'en drape, avant de se plonger dans un livre, un dessin ou une conversation enflammée. Et quand on a besoin de réconfort, on le serre un peu plus fort et on en hume les réminiscences maternelle qui berce un coeur meurtri.

C'est qu'on en aurait bien besoin, là, maintenant, de ce foutu châle. Mais le châle de Maman a disparu. Et avec, tout espoir.

Isaak finit par se coucher, au milieu de champ de bataille. Toujours sans trace du souvenir. Plus aucun effort de retenu, les larmes coulent. Il a perdu l'une des trois seules choses auxquelles il tient plus qu'à sa propre vie. Il a perdu la seule chose qui lui rappelle vraiment Maman. Comme un incapable. Il peut entendre son père soupirer devant tant de bêtises et, sans un regard, retourner au goulot de la bouteille de vodka bon marché. Il peut entendre les marmonnements agacés d'Olena Yourievna Potemkina, voisine acariâtre, centenaire depuis toujours, qui prenait soin de ce pauvre père abandonné par sa sale progéniture qui n'avait aucun respect pour ses proches mais qui, en plus, n'a visiblement aucun respect pour le savoir faire des artisans qui ont sué pour faire ce châle.

On pleure la disparition du châle de Maman comme on a pleuré sa vie, le soir, blotti dans son petit lit.

Et puis l'étoffe tant connue se pose avec délicatesse sur ses épaules, dans cette embrassade répétée, appréciée, voulue. Les mains la touchent, comme pour être sûr qu'il s'agit bien du châle, du précieux châle, du châle de Maman. Les larmes ne tarrisent pas, se décuplent. Il a eu peur, si peur. Il a cru l'avoir perdu à tout jamais, à nouveau. Le soulagement peut se lire dans le regard nuageux. Ce n'est pas la fin. Le tissu est revenu à bon port.

Isaak enregistre enfin la présence de Kieran. Merde. Encore surpris dans un moment de faiblesse. Le deuxième en une semaine. Sans compter toutes les crises précédentes. L'Irlande n'a rien de bon pour ses nerfs, aimerait-il croire. Mais il doit bien se l'avouer : il est juste faible. Il détourne le regard, encore. Ça faisait une semaine qu'il fuyait. Mais les bras autour de lui ne le dérange pas. Il ne veut plus les fuir. Il en a besoin, terriblement. Cette semaine était sûrement dans son top 10 des idées les plus débiles qu'il avait pu avoir. Sa tête part se perdre dans le creux du cou de Kieran, inondant l'épaule de larmes de crocodiles qu'il ne parvient pas à arrêter.

« Qu'est ce qu'il faisait dans ton sac ? Je comprends pas, j'étais sûr de l'avoir ranger hier soir. Il devait se trouver tout en haut dans la malle, c'est là que j'étais censé le trouver. J'en prends soin pourtant, j'y fais super attention. Pourquoi je l'aurais mis dans ton sac.. C'est parce que je le mérite pas ? »

Et puis les larmes repartent de plus belle, tout en resserrant l'étreinte. Il ne comprend pas pourquoi ce châle avait disparu. C'était presque cruel, trop cruel, comme punition divine.

« C'est parce que je suis faible, c'est ça ? C'est ce que la voix a trouvé pour m'endurcir ? C'est parce qu'elle n'a pas eu ce qu'elle voulait ? » La voix, déjà faible balbutiement, se casse et se meurt. On lui avait expliqué que rien n'était réel, que c'était uniquement la source qui avait joué sur ses peurs. Mais il ne l'accepte pas. Non, il n'accepte pas sa faiblesse qui a failli coûter sa peau. Qui a poussé Kieran à choisir et à tuer.
Isaak A. Kovalek
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MessageSujet: Re: The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)   The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak) EmptyDim 1 Déc - 14:34

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Ses mains glissent avec douceur dans les cheveux emmêlés du voyant. Ça faisait longtemps, trop longtemps. Ça lui avait manqué. Son odeur, son contact, lui, tout simplement. Et même s’il pleure, le jeune américain ne peut que se sentir heureux qu’il soit là, et que, peut-être, ils puissent discuter pour mettre fin à ce trop long éloignement. Heureux. Et coupable. Pourquoi coupable ? Impossible de le savoir. Mais au fond de son esprit, dans la parcelle animale, il se sentait mal de voir Isaak pleurer le châle qu’il serrait contre lui comme si sa vie en dépendait. « C'est parce que je le mérite pas ? » La culpabilité se fait plus violente encore, traversant son esprit comme une flèche douloureuse. C’est à se moment que Kieran se rend compte que le loup n’a pas prononcé un mot depuis ce matin. La peur de comprendre est brutale. Putain mais qu’est-ce que t’as fait ? Pas de réponse - et c’est une première.

Il n’a pas le temps d’engueuler le loup, d’essayer de comprendre sa culpabilité silencieuse - même s’il a compris mais qu’il essaie de noyer le poisson en se disant que non, il n’aurait - je n’aurais - pas osé faire ça à Isaak. Mais quoi qu’il ait fait, au moins, maintenant, Isaak parlait. A mots couverts, il parlait de la pleine lune, de la voix qu’il avait entendu. Alors il en avait bien entendu une. « C'est parce que je suis faible, c'est ça ? » La culpabilité le traverse à nouveau, marque brûlante qui ne veut pas partir alors qu’il n’a rien fait de mal. A moins qu’il ne s’en souvienne pas. Dis-moi ce que tu as fait. Toujours aucune réponse du loup, qui se terre dans son mutisme coupable, lui faisant bien comprendre que c’est lui le responsable. J’ai pas le temps pour le moment, mais tu t’en tireras pas comme ça. Le loup le sait très bien, mais ça ne l’empêche pas d’accepter son sort avec résignation.

« Mais non, tu n’es pas faible. Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Ses doigts glissent doucement dans ses cheveux pour essayer de le calmer. C’était la lune, elle a eu un effet néfaste sur tout le monde. Ce n’est pas juste toi, Isaak. Tu n’es pas faible, d’accord ? »

S’il l’écoutait, il ne voudrait pas le croire. Comme d’habitude. Et le loup-garou était partagé. Inquiétude envers Isaak, colère brûlante envers le loup - envers lui-même. C’était lui qui avait pris le châle. Le loup faisait ce qu’il voulait de son propre corps, après tout, l’harmonie était à ce prix. Il avait dû se lever plus tôt, ou attendre qu’Isaak s’en aille, pour prendre le contrôle, récupérer le châle, le glisser dans son sac et partir en cours, espérant que cela suffirait pour les faire parler, sans se douter qu’Isaak allait violemment paniquer en ne retrouvant pas le vêtement. Il était à sa mère, putain ! Tu croyais quoi, il allait prendre ça sereinement ?! Le loup s’écrase dans son esprit, ne pouvant qu’accepter la colère brûlante qui s’abat sur lui. Après tout, il aime Isaak, lui aussi. Il ne voulait pas lui faire de mal. Le voir complètement détruit à cause de lui n’avait rien d’amusant ou de satisfaisant. Il se sentait très mal, cruellement coupable, parce que c’était de sa faute.

« Moi aussi je l’ai entendue, Isaak. La voix, je veux dire. Ce n’était pas réel, d’accord ? Ça jouait sur nos peurs. Mais rien de tout ça n’est vrai. Il prit une profonde inspiration, pour calmer sa colère et trouver le courage d’enfin parler de ce qu’il a vécu. Je sais très bien que je ne suis ni un monstre, ni un tueur sanguinaire. Je sais très bien que tu n’as pas peur de moi. Je sais très bien que - léger silence - que tu ne restes pas avec moi parce que tu as peur de mes réactions, que je te fasse du mal - je ne te ferai jamais de mal - et de ce qu’il pourrait t’arriver si tu décidais de t’en aller. »

Il s’attend presque à entendre la voix dans son esprit, la voix de la lune qui se moque et qui lui susurre que ses peurs ne sont que les vérités qu’il ne veut pas admettre. Mais la seule chose qu’il ressent, c’est la présence du loup, qui prend toute la place, aux aguets, comme si lui aussi craignait que la voix maudite ne revienne. Il ne se passa absolument rien. La pleine lune était passée, la voix ne reviendrait pas. Et si elle revenait à la pleine lune suivante, alors elle aurait affaire au loup déchaîné, qui la taillerait en pièces pour lui passer l’envie de le prendre pour une victime idéale. Mais en attendant, il devait s’occuper d’Isaak. Le voyant avait coincé sa tête dans le creux de son cou, et il n’avait apparemment pas l’intention de disparaître à nouveau, de trouver une excuse pour le fuir encore une fois. Leur relation, longue de dix ans, avait vu bien pire qu’une petite voix sournoise leur murmurant des mensonges tirés de leurs peurs profondes.

« Est-ce que tu veux en parler ? Sa voix, presque réduite à un souffle, vibrait pourtant de douceur et de chaleur. Il ne risquait plus rien maintenant. Tu me fuis depuis la pleine lune à cause de ce qu’il s’est passé. Tu sèches les cours, tu dors à peine, tu manges encore moins. Sa main continuait le mouvement rassurant dans ses cheveux, pour l’aider à se calmer un peu. Ça t’aiderait à aller mieux, je pense. »

Comme pour ses visions. Mais il ne le dit pas. Le sujet était ultrasensible, et comparer ce cauchemar à ses visions ne ferait que lui rappeler qu’il en avait eue une, justement, et qu’il avait décidé de ne plus y penser, de ne pas en parler. Le connaissant, il devait déjà se torturer l’esprit avec ça depuis le début de sa fuite en avant. Ils en parleraient, quand Isaak irait mieux. Ils en parleraient, et Kieran lui expliquerait pourquoi il avait le châle dans son sac. Il savait par avance qu’Isaak allait lui hurler dessus comme jamais, mais il acceptait déjà l’engueulade à venir. Après tout, c’était de sa faute. Ma faute, pas la tienne. Pareil. Loup, homme, ils n’étaient qu’une seule personne. Lui. Ce que le loup faisait impliquait l’homme aussi. Tu n’en étais pas conscient. C’est ma faute, pas la tienne. Il ne répondit pas au loup. Pas la peine. L’animal était lui, il avait accès à son esprit, et à sa pensée - on verra ce qu’Isaak en pense. Je lui expliquerai. J’ai agi tout seul. Ce n’est pas ta faute. Mais pas maintenant. Plus tard. L’apprendre maintenant risquait de lui faire encore plus de mal, et ça, même le loup le reconnaissait.

« Parle-moi, Isaak. S’il te plaît ? »

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MessageSujet: Re: The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)   The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak) EmptyVen 3 Jan - 22:52

Les mains dans ses cheveux, butant avec tendresse sur les nœuds d’un désordre angoissé. Le goût salin de ses propres larmes, venues s’échouer en mare à hauteur de lèvres. Peut-être qu’il pourrait fermer un peu les yeux. Peut-être qu’il pourrait apprécier quelques instants la rugosité de la laine qui venait le chatouiller à la base de son cou.

Mais il n’avait pas l’occasion de se laisser aller. Pas l’occasion de s’abandonner dans ces bras fuis avec hardeur, de s’endormir réellement pour la première fois depuis une semaine, sans que la tourmente de la plage ne vienne lécher ses paupières et peupler ces instants où la lueur, même terne d’un mois de septembre irlandais, n’éblouissait pas ses yeux ténèbres.

Parler. Devait-il parler ? Mettre des mots sur ce qui s’était passé, en cette nuit fatidique ? Une nuit qu’il aurait pu éviter. Peut-être pas à tous – qui l’aurait cru de toute manière ? - au moins à deux. Ils auraient pu passer la pleine lune comme à leurs habitudes, en tête à tête, fascination présente chez le jeune artiste. Isaak n’en avait jamais eu peur. Il ne savait pas si c’était à cause de son éducation moldue, où le loup-garou n’était qu’objet de légendes et sa soudaine réalité l’enchantait, comme une preuve irréfutable de l’existence tangible d’une magie trop rêvée. Ou simplement parce qu’il ne savait pas ce qu’était le Danger.

Mais non, Monsieur avait voulu vivre, boire, fêter un astre douloureux, synonyme de rejet. Malgré sa vision. Malgré l’interdiction tacite sur la présence d’êtres lupins dans des lieux remplis de moldus et autres sorciers aux penchants plus terrifiés que les siens.

Il avait mis sa vie en danger, la vie de son cher et tendre, comme lui avait si bien rappelé cette maudite boule laiteuse.

Alors, il lui devait bien cela. Puisque tout était de sa faute.

Les lèvres remuèrent légèrement au début, sans qu’aucun son ne les franchissent. Savoir qui n’était pas le seul à avoir entendu des choses déplaisantes ne l’aidait pas, même s’il savait que c’était la volonté. Parce qu’il lui semblait être le seul à avoir agi de manière démesurée, à ne pas parvenir à rationaliser. Le monde continuait de tourner pendant qu’Isaak se débattait avec des propres sables mouvants.  

Il lui devait bien cela. La raison de sa faiblesse. La raison de sa fuite.

Un balbutiement à peine plus fort qu’un chuchotement. « Au début, c’était sa voix » dit-il en resserrant le châle sur ses maigres épaules. Un timbre qu’il était sûr d’avoir oublier, avec les années. Pourtant, il l’aurait reconnu entre milles. C’était sa voix à elle. La voix d’une mère partie trop tôt. La voix d’un vide qu’ils n’avaient pas réussi à combler, aussi bien l’enfant que le père. Qu’aurait-il été, si elle avait survécu ? Heureux. « Elle m’invitait à la rejoindre. » Il aurait eu une famille, une vraie. Peut-être qu’il aurait été plus fort. Plus confiant. Moins chétif. « J’ai cru que c’était fini, pour moi. Que je la reverrais enfin. » Alors il éclata à nouveau en larmes, se maudissant un peu plus, se réduisant un peu plus dans les bras protecteurs. Elle lui manquait, terriblement.

Et dire qu’il avait failli la perdre, encore une fois. Arriverait-il seulement à se souvenir d’elle sans l’étoffe ? Parfois, il avait encore l’impression de sentir son parfum. Parfois, il avait l’impression que le touché du tissu était identique à celui de la main maternelle qui le berçait tous les soirs.

Parfois, il espérait que c’était son père,six pieds sous terre, et sa mère à ses côtés. Mais ça, il n’était pas prêt de l’avouer.

« Puis, j’ai entendu mon père. Il disait que… Que les cris de joie des moldus n’étaient de fureur et haine. Qu’ils savaient. Savaient ce que tu étais. A cause de ma stupidité. » Qu’il finirait en descente de lit ou en fourrage pour bottes. Mais cela, Isaak ne l’exprima pas, laissant le silence combler les non-dits, souffler les horreurs suggérés aux oreilles attentives, pour lui permettre de goutter à nouveau aux larmes amers de ses aveux.

« Je ne comprends toujours pas ce qu’il faisait dans ton sac, le châle de Maman... » murmura-t-il en relevant la tête. Les orbes brillantes, couleur d’orage, humides des larmes versées, rencontrèrent avec sincérité les glaces chaleureuses. « Tu crois que ce sont les autres ? Ils m’en veulent ? Tu crois qu'ils savent pour... Pour la vision ? »
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MessageSujet: Re: The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)   The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak) EmptyDim 5 Jan - 0:21

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Kieran & Isaak


Le voyant ne voulait pas parler. Alors, patient, très patient, le loup-garou attendait. Ses doigts continuaient leurs courses dans les cheveux bruns emmêlés, dans un geste répétitif destiné à le calmer. Ça marchait plutôt bien. La respiration de l’autre américain ralentissait doucement à mesure que la peur refluait. Il était bien calé contre lui, à un point tel que le jeune loup se demandait s’il n’allait pas s’endormir contre lui. Ce ne serait pas bien grave. Kieran se contenterait de le garder contre lui, sous la couette, enroulé dans son châle, appréciant de pouvoir le tenir contre lui sans que ce dernier ne s’enfuie. Et ses cours de l’après-midi, il s’en fichait bien. Il pouvait toujours les rattraper. Sa relation, elle, pouvait se briser comme du cristal s’il faisait un geste de travers.

Peut-être fallait-il juste le mettre en confiance. Lui faire comprendre que quoi qu’il dise, il ne s’en irait pas. Mais au bout de plusieurs minutes d’un silence dangereux, que le jeune loup a eu la délicatesse de ne pas briser, le voyant finit par se lancer, et son filet de voix hésitant tente de lui expliquer la raison de sa fuite. C’était sa voix. Pas besoin de demander la voix de qui. Kieran sait de qui il parle. Et s’il ne l’avait pas compris, le fait qu’Isaak resserre le châle autour de ses épaules est une preuve de plus qu’il parle, bien évidemment, de sa mère. Le californien n’avait pas eu le plaisir de la connaître, mais d’après ce que lui disait son artiste, il l’aurait sans doute beaucoup appréciée. Enfin, sauf avec ce qu’il entend là. Elle l’invitait à la rejoindre. Son brusque élan de possessivité est brisé net par la voix frêle d’Isaak, qui avoue qu’il avait cru qu’il la reverrait enfin. Et quand il se remet à pleurer, il n’est pas dur d’y sentir son désespoir. Bien sûr, qu’il voulait revoir sa mère. Bien sûr qu’il aurait tout donné pour ça. Mais donner sa vie ?

« Mon cœur, ta mère ne voudrait pas que tu meures pour elle. Tu as encore beaucoup de choses à faire chez les vivants. Puis je dirais quoi à Chagarou, moi, hein ? Ses bras serraient doucement le voyant contre lui. Contre son cœur. En sécurité. L’idée qu’Isaak puisse mourir pour sa mère était terrifiante, mais nul besoin d’en parler ; ça aurait juste été égoïste. Je sais que c’est difficile parce qu’elle n’est plus là, mais ne laisse pas la lune salir tes souvenirs. Ta mère t’aimait, et ma mère aussi t’aime. Ni l’une ni l’autre ne voudraient que tu meures. Léger silence. Et moi non plus, mais c’est inutile de le dire, je pense. »

Plus qu’inutile. Il avait prouvé, le loup-garou, être capable de tuer pour le protéger. Ce n’étaient que des strangulots, mais aurait-il hésité devant un humain ? Peut-être pas. Quoique. Celui qui avait tenté de s’en prendre à Isaak, il l’avait juste chassé. Mais s’il avait insisté ? Serait-il mort ? Il préférait ne pas se poser la question. D’autant qu’Isaak recommençait à parler, doucement. Il avait entendu d’autres choses. Une autre voix. Celle de son père. Kieran n’aimait pas beaucoup cet homme. Quand il avait appris que son fils sortait avec un homme, il était devenu fou et avait lâché des horreurs. Honte de la famille, sa mère avait pourtant tellement prié pour lui, si elle était vivante elle aurait tellement honte, après tout ce qu’elle avait fait pour le salut de son âme. Deux semaines plus tard, il rencontrait Kieran. Plus massif, plus imposant, face à qui il n’avait pas osé tenir le même discours. Par son seul regard, le jeune sorcier avait silencieusement fait comprendre au père d’Isaak qu’il avait tout intérêt à bien réfléchir ce qu’il dirait à son fils, maintenant.

La lune avait tapé fort. Sa mère d’abord, et lui ensuite. Les non-maj, selon ce qu’il disait, savaient ce qu’il était. Le reste n’était pas dur à comprendre. Les fourches et les torches seraient ressorties aussi sec. Il aurait fini brûlé. Pendu, peut-être. Ou écorché vif comme au Moyen-Âge. Son abondante fourrure noire aurait fait une jolie descente de lit. Isaak n’avait pas besoin de le dire pour que Kieran comprenne. La lune lui avait murmuré la même chose. Les gens savaient pour Isaak. Pour sa vision. Tout était de leur faute. Ils auraient pu parler. Les non-maj et les sorciers se vengeraient en le faisant brûler, ce prophète de malheur qui avait préféré garder ça pour lui. Ils l’auraient immobilisé pour qu’il puisse voir son amour expirer, et après, ils se seraient occupés de la bête qui l’accompagnait. A moins qu’ils ne le tuent avant pour qu’Isaak souffre encore plus. Le lycanthrope avait eu du mal à trouver le sommeil, après ça, mais il lui avait fallu peu de temps pour que l’événement ne le torture plus. Il n’avait pas été puni pour sa présence. Il avait protégé Isaak. Personne ne savait pour la vision. Aucun des deux n’allait se faire tuer, ni par les sorciers, ni par les non-maj.

« S’ils tiennent tant que ça à utiliser ma fourrure pour leurs bottes, ils n’ont qu’à venir à la prochaine pleine lune. Tu dis toi-même qu’on pourrait se faire une couverture avec tout ce que je sème en une seule nuit. »

Un éclat d’humour dans le noir, pour tenter d’arracher un sourire au voyant éploré. Mais ça ne semble pas trop marcher, puisque ce dernier se focalise sur le vrai problème. Que faisait le châle maternel dans son sac ? Aïe. Son sourire vacille quand il lui demande si ce sont les autres qui ont fait ça. S’ils sont au courant. S’ils ont décidé de le punir. C’était dur, très dur, mais il se décolla de son étreinte pour le regarder droit dans les yeux avec un sérieux inhabituel. Isaak savait qu’il ne lui mentirait pas. L’idée même de lui mentir ne traverserait jamais son esprit, trop attaché qu’il était à sa relation saine avec le jeune artiste. Alors il fallait lui dire la vérité. Mais comment le faire sans le briser ? Il se sentirait forcément trahi, et il aurait raison. Le loup l’avait fait, mais il était le loup. Donc c’était lui qui l’avait fait, sans s’en rendre compte. Coup dur. Lui aussi se sentait trahi, et par son propre corps en plus.

« Ce ne sont pas les autres, Isaak. Personne ne sait pour la vision, hormis toi et moi. Non… C’était moi. Le regard de glace vira à la nuit et s’effila rapidement. Le loup avait fait l’erreur ; il était prêt à assumer la tempête et à bien expliquer qu’il était le seul fautif. A chaque fois que tu perds ton châle, tu viens me - nous - demander de l’aide pour le retrouver. Alors j’ai pensé que s’il disparaissait, tu viendrais vers lui - vers nous - et qu’en cherchant vous pourriez discuter. Je n’avais pas du tout prévu… Tout ça. »

Derrière le regard lupin, l’humain bouillonnait. Mais il le laissait parler. Le loup ne s’attendait pas à ce qu’Isaak s’écroule. Animal, il ne comprenait pas toute la notion de souvenirs liés aux objets. Le châle n’était pour lui qu’un carré de laine bleu fleuri que l’artiste aimait bien parce que c’était confortable, comme lui-même était confortable, durant les nuits de pleine lune, raison pour laquelle il se blottissait contre lui malgré le danger. Ça, et parce qu’il savait que le loup ne lui aurait jamais fait le moindre mal. Alors cette réaction, typiquement humaine, il ne la comprenait pas, même si l’humain tentait de lui expliquer. Mais il avait bien compris, en sentant la violente inquiétude teintée de panique, à la découverte du châle, qu’en voulant arranger les choses il aurait pu les empirer. La colère brûlante de l’humain était toujours concentrée sur lui, et il était prêt à recevoir celle d’Isaak aussi, du moment que ce dernier comprenait.

« Faut pas lui en vouloir. J’ai agi tout seul, il n’était pas au courant. Mais il était tellement inquiet, il se sentait tellement mal, que j’ai voulu faire quelque chose. Je voulais juste que vous discutiez. Je ne voulais pas ça. Vraiment pas. Le regard du loup se baissa de honte. S’il avait été transformé, ses oreilles se seraient aplaties aussi. Je suis vraiment, vraiment désolé de t’avoir inquiété comme ça. Je ne voulais pas te causer du tort. Je ne voulais pas te faire pleurer. Léger silence. Mais s’il te plaît, ne lui en veux pas, à lui. C’est ma faute. Il ne savait vraiment pas. »
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Kieran Rutherford
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Isaak A. Kovalek
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MessageSujet: Re: The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak)   The risk I took was calculated, but man, I'm bad at maths. (Kieran&Isaak) EmptyDim 12 Jan - 13:59

La peur, la tristesse, le désespoir laissèrent leur place à une colère froide, grondante. Il avait envie d'exploser, comme il en avait l'habitude. De se laisser emporter par le flot d'émotions. Mais, même cela ne lui paraissait pas assez. Le châle comme otage, Maman fourrée sans arrière pensée dans un sac. Il n'aurait jamais pensé que la trahison venait d'aussi proche, d'aussi près. Et même si les intentions étaient louables... Il avait bien du mal à les accepter. Peut-être plus tard, quand il admettra avoir eu tort de s'éloigner. Mais pas maintenant.

Le regard se fit certainement plus dur, ne se détournait pas des yeux d'obsidiennes qui l'observaient avec honnêteté. Hurler ne servirait à rien, pourtant tout son corps le réclamait. Ses os criaient vengeance, son sang bouillonnaient de feu insoupçonné, une tension unique tourné vers un même désir, un même message. Se jeter sur le loup ne servirait à rien. Strictement à rien. Ce n'était pas comme s'il réussirait à lui faire sentir quoique ce soit. Et puis, c'était tout de même l'enveloppe corporelle de Kieran. Isaak regrettait amèrement qu'ils ne soient pas dissociables, en cet instant. Se laisser aller aurait été plus simple, plus justifié. Son coeur ne lui murmurerait alors pas un appel au silence, au calme, à l’apaisement.

Doucement, d'un geste, d'un bond, il se leva, s'éloigna. Tout contact semblait lui brûler la peau, faire sortir cette rage qu'il tentait de contenir. Exploser. S'enflammer. "Je vois" réussit-il à murmurer d'un ton calme, plat. Il se demandait presque s'il n'aurait pas préféré que les autres sachent. Etre deux contre la Terre. Etre deux le temps que les choses se tassent et s'oublient. Plutôt qu'être un et demi. Avec ce doute qui planerait encore quelques temps, sur la confiance à accorder à la partie animale. Il ne lui avait pas voulu de mal. Isaak le savait. Mais c'était si dur à digérer.

D'un regard, il contempla l'état dans lequel il avait mis leur dortoir. Aie. Il n'y avait pas été de main morte. Il n'était pas certain que leurs camarades apprécient retrouver toutes leurs affaires hors de leurs armoires lorsqu'ils reviendraient ce soir. Alors, Isaak commença à ranger. Repliant avec soin les linges jetés avec panique. Reposant avec délicatesse les objets déplacés. Focaliser son attention ailleurs. Occuper ses mains. Se laisser le temps d'être capable d'aligner les mots sans hausser le ton, sans laisser la bulle explosée et jeter à la tête des mots - ou ce qui se trouvait entre ses doigts - sans vergogne et sans honte.

"Je ne lui ne veux pas" finit-il par dire, pour briser un silence de glace - comme les yeux aimés qu'il préférerait voir s'il se décidait à regarder à nouveau dans sa direction - qui s'éternisait. "Je ne suis pas certain de pouvoir dire la même chose te concernant pour le moment." compléta-t-il, toujours occupé à réduire l'état apocalyptique, encore emprunt de l'odeur de sa panique passée. "Rends-le moi, maintenant. S'il te plaît."

Il savait très bien que, malgré la rancoeur qui l'habitait, il serait là, à la prochaine pleine lune. S'ils avaient encore besoin d'aconit. Ou dans n'importe quel autre moment où le loup aurait besoin de lui. Parce qu'en choississant le jeune homme, il avait accepté le côté poilu également. Un soupir mourut sur ses lèvres. Au moins, le châle n'était pas perdu. Mais cela ne le consolait que peu.

Finalement, il osa se retourner, le loup ayant certainement accéder à sa requête, dans une vaine tentative de ne pas plus s'attirer ses ires. Le bleu avait ce pouvoir rassurant de le calmer, de l'apaiser. C'était sans doute pour cela qu'il s'y perdait trop souvent. Pour cela que son ton se teinta de chaleur aussi vite. "Je suis désolé. Si je t'ai inquiété. Je ne voulais pas" Il était comme cela. Et n'était pas certain de changer un jour. Isaak amorça quelques pas, pour retrouver le cocon de confort qu'il avait quitté de fureur. "Ils ont proposé d'aider, de fournir des psychomages à ceux qui l'auraient souhaité. J'aurais peut-être dû... Je... Je vais voir si je peux encore leur demander." Pour que le loup n'ait plu à voler un objet trop précieux que pour être accepté. Pour que le jeune homme n'ait plus à subir le moindre tourment de son âme.

Isaak A. Kovalek
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