And when I couldn’t find a way
I made my own | Michelle Schaper
Comment vous raconter ma petite vie sans vous raconter celle de ceux qui m'ont permis de fouler ce monde de mes petits petons ? Mon histoire ne commence pas avec mes premiers cris en ce monde mais lorsque deux êtres que rien ne destinait à s'aimer se rencontrèrent. Elijah, cet homme ténébreux et redoutable, avait fait couler plus de sang qu'il n'était nécessaire. Tortionnaire, il ne tuait pas uniquement pour survivre dans ce monde mais par pur plaisir. Sanguinaire, il aurait pu faire penser à ces vampires monstrueux qui hantent les cauchemars des touts petits. Froid, son cœur semblait fait de pierre alors que son allégeance allait toute entière au Lord Ténébreux. Et cette femme, droite et rebelle, Hayley qui avait décidé de prendre le risque de perdre la vie en luttant contre les démons qui menaçaient ce monde. Elle n'était qu'une petite née moldue de plus prête à défendre sa vie coûte que coûte, elle dont on avait massacré toute la famille. Deux ennemis mais dès le premier regard, l'amour les foudroya. Un jeu du chat et de la souris où la belle restait insaisissable. Elle avait un secret à protéger. Curieux, le chat voulait jouer avec l'innocente souris. Il finit par comprendre son obstination : un enfant né au milieu de cette guerre, un enfant qu'elle avait choisi de ne pas voir grandir. Eloigner le petit ange lui avait brisé le cœur et il voulait le recoller. Pour elle, il trahit toutes ses convictions. Il devient l'ennemi de ses ennemis. Il devient le protecteur du petit trésor. Mais comment se racheter une conduite quand on a dévoilé être un monstre ? Les informations précieuses transmise lui donnèrent le bénéfice du doute mais la méfiance, jamais elle ne se dissiperait.
Comme vous l'aurez deviné, mes premiers pas dans ce monde furent chaotiques. Je ne prétendrai pas que j'en garde un souvenir mais cela a façonné ma personnalité. Naître au milieu d'une guerre nous laisse inconsciemment un besoin de vivre à cent à l'heure, un sentiment d'urgence mais aussi de menace. J'avais peur en permanence. Je redoutais l'abandon et ma relation avec ma mère fut pénible. J'avais peur qu'elle ne m'abandonne. J'avais la violence en bouche alors que j'étais une petite fille ayant un besoin profond d'attention. Cet homme fut mon héros. Sombre et distant, il me fascinait. Il me donnait l'impression d'exister lorsqu'il me regardait. Je ne me sentais pas invisible quand je passais du temps dans son bureau à le regarder travailler. La stabilité et l'équilibre finirent par s'installer même si cela prit du temps. Je finis par trouver l'insouciance de l'enfance et mon adoption par ce père rêvé fut la plus grande joie de mon enfance. Elle fit taire tous mes doutes et l'arrivée d'un petit frère fut mon plus grand bonheur.
Mon existence prit un étrange virage avec mon entrée dans la célèbre école de sorcellerie. J'étais impatiente mais rapidement, j'eus l'impression de déchanter. Le nom de mon père devint difficile à porter. L'école fut une épreuve qui me laissa un goût d'amertume dans la bouche. Je subis le poids du passé de mes parents et cela me fit beaucoup de mal. Adolescente rebelle, je ne pus réagir que par le rejet, le rejet de mes parents. J'avais tellement de questions sur leur histoire que cela m'empoisonnait l'existence. J'étais perpétuellement en colère et j'étais surtout perdue. Je souffrais sans même savoir pourquoi. Lorsque j'appris toute l'atroce vérité, je voulus tout simplement fuir. Ma fugue m'emmena loin de chez moi.
Un premier amour ne s'oublie pas mais il peut blesser terriblement. Alors que je m'éloignais de la maison, il se trouva sur ma route, littéralement. Il prit en stop la fugueuse que j'étais. Il ne posa aucune question. Il me laissa le temps de me confier à lui sur tout ce qui me rongeait intérieurement. Mineure, il finit pourtant par m'aimer. Simple moldu, il se retrouva noyé dans mon monde. Il m'épaule lorsque je fus attaquée par une de ces créatures mi-homme-mi-loup.
Mais comment vous décrire la sensation? La morsure crée une douleur atroce qui semble s'infiltrer dans chaque os, chaque parcelle de peau plongeant le corps dans une faiblesse extrême. Nauséeuse à en être malade, je crus en mourir tant les battements de mon coeur luttant pour leur survie se firent chaotiques. Le flou m'envahit dans les premiers temps de la contamination alors que fiévreuse, je ne me souviens que vaguement de la douleur et de la faiblesse de ce corps qui pourtant fut assez fort pour résister. Je pensais que le pire était derrière moi mais ce n'était qu'illusion. Il ne fallut pas plus de quelques semaines pour que je me sente faible à nouveau, irascible et instable émotionnellement. Je piquais alors l'une des plus grandes crises de colère de toute mon existence. J'avais envie de tout détruire et je détestais la terre entière et lorsque la pleine lune pointa le bout de son nez, la douleur me transperça le corps autant que l'âme. La souffrance d'un corps qui se brise, se déforme, se transforme fut si intense que je crus préférer mourir que de la vie encore et encore à chaque pleine lune. Mais sous ma forme de loup, je me sentis libre sans le poids de toute morale. Un tel danger errant dans les parages, j'étais assoifée de sang et je ne maitrisais rien. Ce ne fut qu'une fois que j'eus repris possession de mon corps que la peur de ce qui aurait pu arriver me submergea. J'étais une bombe à retardement. Je m'en voulais et je fis appel à mes parents dans l'espoir qu'il me guérisse, me sauve. Mais c'était vain d'espérer, il n'existe aucun remède. Ils m'épaulèrent pour réussir à entraver ma liberté lors des prochaines nuits de pleine lune, me procurèrent des potions pour m'affaiblir. Mais chaque mois, la même épreuve recommence et la haine s'incruste de plus en plus dans mon coeur.
Ce moldu fut mon rempart pour ne pas me laisser sombrer dans la folie, pour ne pas chercher la libération dans la mort. Je l'aimais et cela me permit de tenir le coup. Alors que je me détestais, il continue de m'aimer. Je pensais qu'amour rimait avec toujours et pourtant... Notre histoire prit brutalement fin. Le cœur en miettes, j'étais tellement instable que je fis les pires conneries. Mon nom ne fut plus connu que par mes actions douteuses. Personne ne me faisait plus confiance et surtout pas mes parents. J'avais enchaîné tellement de petits boulots sans les garder que je finis par vouloir plus. Partir me reconstruire et me construire un avenir, c'est ainsi que je me retrouve ici sautant sur l'occasion de faire différemment même si rien n'est oublié que ce soit le passé sombre de mes parents, mon origine, la haine de mon père biologique à mon égard, la malédiction qu’il m’a transmis par pure mesquinerie, mon cœur brisé, les égarements… Je peux m’en convaincre mais jamais on ne peut réellement fuir qui on est.