Messages : 277 Date d'inscription : 29/09/2019 Tormaigh
| | | Sujet: Re: Dessiner suspend la pensée. (Kieran&Isaak) Mer 30 Oct - 22:21Ce chaton avait bon dos. Ou du moins, le fallait-il pour supporter le poids des mille-et-unes promesses faites sur sa vie. Peut-être qu'ils devraient arrêter, avant qu'il n'arrive quelque chose à cette petite boule de poils et que chacun s'accable plus que nécessaire. Il suffisait d'une coïncidence. « Pauvre Chagarou, quand même » adressa-t-il dans un murmure, sourire collé aux lèvres. Il était le premier à avoir invoqué le gamin ce soir. Il serait bien hypocrite d'évoquer un quelconque mécontentement après cette extirpation de promesse. Ca le faisait rire, sourire, comme toutes leurs bêtises.
Il n'avait pas le choix : il allait vraiment devoir le faire. Son regard fila vers le carton abandonné à quelques pas d'eux. Ceux-ci pourraient-ils faire partie des envois ? Il hésitait. Visuellement, ils pouvaient se révéler intéressant. Mais n'étaient-ils pas trop intime ? Trop personnel ? Etait-il bon d'exposer ces sources de tension aux yeux du monde ? Aux yeux d'une ville ? Au yeux des trois péquenots qui passeraient peut-être par pur hasard s'abriter de la pluie torrentielle ? « Bien sûr qu'on le fera vraiment. Ce weekend, même. On fouillera dans absolument tous mes dessins. » L'obus était lancé. Si Kieran l'encourageait à se surpasser, il se surpasserait. Totalement. Plus que prévu. Il ressortirait ses maudites visions et les traiteraient comme rien. Comme de simples dessins bien inspirés. Puisque c'était ce qu'elles étaient, au final. Des visions, ça se produisait. Sinon, c'étaient juste des délires fiévreux d’inquiétude.
Il était encore tôt ? La journée lui avait semblé interminable. Comme s'il venait de se manger 15 années d'un coup dans les dents. Alors, il n'allait pas protesté contre cette proposition plus qu'alléchante. Il avait terriblement envie de s'allonger, corps contre corps, et se sentir partir vers les songes au bruit de la respiration profonde et calme qui rythmait ces nuits depuis quelques années. Tant d'années. Quel chanceux. Quelques temps à tenir avant de retrouver l'intimité qui leur était chère. Seulement trois années. Trois petites et si longues années. Sur Chagarou, il se promettait à lui-même qu'ils y parviendraient. Parvenir à réussir. Obtenir leur diplôme. Trouver la place de leur rêve. Créer - ou plutôt recréer - le petit cocon douillet dans lequel ils se projetaient pour se rappeler que les sacrifices en valaient la peine. En vaudrait la peine.
Alors il acquiesça et se dirigea vers les dortoirs, leur dortoir, le noyau de confort. Si personne n'y était, autant y foncer. Pour que les murmures d'excuses et d'amour ne soient entendus que par leur destinataire. Il s'arrêta au chambranle de la porte et, se retournant, demanda « Bah alors, t'attends quoi ? » de ce sourire crétin, mi-racoleur, mi-blagueur qui l'ornait comme à l'accoutumée. | |
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