13 novembre 1984
- Félicitation, c’est un garçon ! s’exclame le médicomage en cédant le bébé à sa mère.
- Oh, un garçon, c’est un garçon !
- Je sais, et il se nomme Simon.
- Simon ? Pourquoi Simon ?
- Parce que c’est comme ça, dit le nouveau père.
- Je croyais que nous avions choisi Orson ?
- Tu as choisis Orson, je n’ai jamais approuvé. Comme deuxième nom, ça peut être bien.
- Simon, répète la mère pour en apprécier la prononciation.
- Simon Orson Shaw.
- J’aime bien la mélodie.
- Tu vois bien qu’il n’a pas une tête à se prénommer Orson, blague-t-il.
- Tu as peut-être raison.
- Bien sûr que j’ai raison.
- Seul le temps le dira.
Mars 1993
Il s’est passé quelque chose. Encore. Et là, il est assis hors du boudoir de Tante Lavinia. Il les entend discuter vivement, mais ne comprend pas les mots à travers l’épaisse porte. Elles semblent toutes les deux aussi contrarier et de toute évidence, opposés.
Et après de longues minutes, on le fait entrer. L’air grave de sa tante lui fait soupçonner que quelque chose de grave s’est produit, mais c’est l’air de sa mère qui l’inquiète le plus. Malgré le masque stricte de l’oubliator, Simon devine la tristesse dans le regard de sa mère.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Simon… commence sa mère avant que sa voix ne se brise. Tante Lavinia vient pour prendre la relève, mais Maud H. Shaw Bantry relève le menton et inspire profondément, avant de se lancer. Ton père est à Ste-Mangouste et il va y rester longtemps.
- Quoi ? Il est malade ?
- Non… enfin, si, peut-être… ton père a eu un accident, il va bien, mais il est temps qu’il se repose plus longtemps.
Difficile d’expliquer à un enfant que la santé mentale de son père a été affectée par les nombreux accidents magiques qu’il a subi.
- Mais… huh…
- Alors il va passer quelque temps à l’hôpital, au repos…
- Mais… mais il ne veut jamais aller à l’hôpital !
- Cette fois, il est d’accord. Il a besoin de beaucoup de repos et de soin.
- On peut aller le voir ?
- Non, Simon.
- Mais...
- Pas de mais. C’est comme ça.
Pas la peine d’insister. Maud Shaw n’a jamais été femme à expliquer et à persuader, surtout lorsqu’elle assène la phrase « C’est comme ça. » Ça lui fait une belle jambe. Maman quitte la pièce et Simon, il boude. C’est pas juste, il veut pas que papa parte ailleurs, sans lui ! Tante Lavinia s’approche et lui tapote la joue.
Juin 1996
- ERNST !! ERNST ! LA LETTRE ! POUDLARD !
- Evidemment, il aura 12 ans dans trois mois. C’était inévitable. Il aurait même dû y aller l’an dernier.
- Mais il ne peut pas y aller ! Qui va le protéger !
- Vous vous attendiez à quoi avec les initiales S.O.S. demande Nigel, cynique, en levant à peine son nez de son bouquin.
- Maud, Maud, ça suffit, il est en âge d’aller à Poudlard, il est futé, c’est une petit malin, c’est encore un enfant, tout ira bien. Il est déjà très doué, tout ce qu’il risque, c’est de s’ennuyer parce qu'on lui a apprit trop de choses en avance. Il sait déjà tout ce qu’il devrait pour se défendre.
- Mais… tente-elle en voyant son époux prendre la lettre et se diriger vers le grand escalier. Trop tard.
- Simon ! Viens voir ! Ta lettre de Poudlard est arrivée ! lance joyeusement la fière figure paternelle.
1 septembre 1996
- D’accord, on récapitule avant que je te laisse partir…
- Je sais. Ne pas causer d’ennuis. Ne pas déranger. N’obtenir que des O. Éviter la bagarre. Ne pas me retrouver dans une situation dangereuse. Ne pas faire de bétises. Faire la chochotte quoi.
- Simon, ce n’est pas un jeu.
- Jeee saaaaais…. soupire le gamin.
Un dernier aurevoir, il embrasse sa mère, son père, puis il leur tourne le dos avec une sorte d’assurance fantasque, rejoignant son aîné qui l’attend à la porte du Poudlard Express.
31 août 1997
Simon dévale l’escalier et traverse le hall pour atteindre le bureau de son père. Dès qu’il ouvre la porte, il ressent que quelque chose cloche. Il est très tard et le bureau est très sombre. Il n’y a qu’une bougie allumée et la flamme se reflète sur le verre presque vide et la bouteille de scotch. Simon n’est pas seul, Nigel est déjà là. Simon marque marque un temps d’arrêt… son père prend un verre tous les soirs. Et là, il semble en avoir prit plusieurs.
- Ma valise est prête pour la rentrée, je me demandais si vous pouviez me prêter… commence son grand frère.
- Je viens d’arrêter et de faire emprisonner Mark Hellier… informe la voix alcoolisée de son père.
- Oh…
- Il est hors de question que je continue de traquer des amis et des collègues. Et tu n’iras pas à Poudlard cette année.
- Mais pourquoi ? défend tout de suite Simon.
- Et toi non plus.
- Quoi ?! interrogent les deux garçons en choeur.
C’est l’alcool, nécessairement, c’est l’alcool. Son père est ivre pour dire de telles choses.
- Je vais démissionner. Je traque les Mangemorts et les sorciers noirs depuis des décennies, je devrais donc me joindre à ceux qui luttent contre les Mangemorts, mais je ne le ferai pas. Je dois protéger ma famille.
- Mais… proteste l’aîné, c’est ma dernière année.
- Je sais, Nigel, mais ça commence à barder. Ça devient violent. Il y a des morts, dit-il et il pose les yeux sur Nigel. Et tu es presque un adulte, tu comprend que je dois protéger ma famille. Et toi aussi.
Et ils savent tous les deux ce que ça implique. Ernst attire les accidents magique comme un aimant. La situation actuelle est beaucoup trop dangereuse pour risquer un accident. De toute évidence, Ernst vient de franchir un point de non retour. Nigel n’a pas le coeur à contrarier son père. Pas aujourd’hui.
- Allez, Simon, viens, on va défaire nos valises.
- Mais je veux aller à Poudlard, moi ! Je vais faire quoi sinon ?
- Non. Personne ne défait sa valise.
Ernst se lève, un peu chancelant, se dirige vers ses fils, se plante devant eux et les prend par les épaules.
- Nous allons tous faire nos valises. Je sais que si je démissionne, ça ne s’arrêtera pas là. On va partir, j’ai un cousin aux États-Unis.
- Au États-Unis !? Mais… mais y a des américains ! proteste Nigel.
Son père glousse. Et Simon ne comprend pas.
12 avril 1999
Encore une fois, il est couché sur un des lits de l’infirmerie. Il a encore fait une gaffe. Enfin, il ne sait pas exactement ce qu’il a fait. Il a suivi ce qui était écrit, il a tout fait parfait. Et pourtant… BOOM ! Des mèches carbonisées, des brûlures sur les mains, cette impression de chaleur désagréable dans tout le corps, c’est ce qu’il montre à l’infirmière.
6 décembre 2000
Il se réveille pour la énième fois de l’année dans le lit de l’infirmerie. Il a tout le temps mal, mais là, c’est pire que d’habitude. Il a l’impression que tout son corps est en miette. Ah, non, mieux, comme si tout son corps avait été lacéré par des milliers de feuilles de papier. Il a un gémissement douloureux. Il n’a aucune idée de comment ça pu se produire. Il n’a rien fait. Sa baguette était posée sur son bureau derrière lui. Il attendait patiemment que ce soit le tour de son équipe pour les duels. Trois équipes de six contre six, il était de la seconde rotation. Le signal a été donné, puis c’est comme si l’univers avait explosé autour de lui. Mais en fait, c’est sur lui que tout a explosé. On lui demande ce qu’il avait sur lui, ce qu’il avait fait juste avant le cours, plus tôt dans la journée, dans la semaine. Ce qu’on lui explique, en gros, c’est que lorsque les douze élèves ont lancé leurs sorts, c’est comme si tous avaient pointé leur baguette sur lui. Les sorts ont bifurqué et l’ont tous atteint. Étrangement, il n’a subit aucun des effets des sorts qui l’ont atteint, mais c’est comme s’il avait été foudroyé sur place. Quelques uns de ses camarades près de lui ont subit les contrecoups et les effets minimes des sorts lancés, mais à très faible dose. Personne n’y comprend grand chose. On a toujours dit que Simon avait hérité de la maladresse de son père, mais maintenant que toute une classe avait été témoins de l’événement, est-ce que c’était vraiment de la maladresse ?
Février 2013
- Shaw, j’ai besoin de vous pour une intervention délicate chez les moldus, il y a un sorcier dans les parages et j’ai besoin de vous pour aller chercher des informations parmi les moldus.
- Euh… Ah ? Mais je… je leur efface la mémoire habituellement, je ne bavarde pas avec eux…
- C’est pas ce qu’on m’a dit, Shaw !
Oh, d’accord… alors soit il est dans la merde, soit… mais, attendez... pourquoi il n’a pas de réprimande ?
- Oh... euh… vous voyez, c’est parce que…
- J’ai dit que j’avais besoin que vous parliez aux moldus, Shaw. Pour une fois que vous pouvez le faire avec mon aval, de votre service et du MACUSA tout entier, vous chipoter ?
- Quoi ? Moi chipoter ? Mais non, voyons… alors euh... bon, oui, où c’est ?
- Je vous transfert pour un temps indéterminé.
- Oh, un transfert, vraiment ?
- Présentez-vous au bureau de Madame Shaw, ils vous diront quoi faire.
- Mère ? Euh, je veux dire Madame Shaw. oui....
3 Octobre 2017
- SHAW !
- Oui, m’sieur ?
- Aviez-vous des projets à plus ou moins court et moyen termes ?
- Euh… ça dépend de ce que vous entendez pas là ?
- Le MACUSA a décidé d’expédier des ressources au Ministère Britannique pour les aider à trouver une explication et résoudre un gros problème magique. Il y a quelques villages moldus autour et votre formation d’oubliator ainsi que votre expérience dans le département des catastrophes magiques pourraient être des plus appréciable. Et le MACUSA tient aussi à être informé des avancées ou non de nos amis les britanniques. Que vous soyez d’origine britannique et que votre mère et votre frère soit aussi respectés auprès du ministère britannique pourra faciliter votre insertion.
- Si j’ai bien compris, vous voulez que j’espionne pour le compte du MACUSA ?
- Espionner ? Non, surement pas, mais…
- Quelques chose dans ces eaux là sans l’être vraiment. Vous allez me couvrir ?
- Évidemment.
- C’est d’accord. J’ai pas remis les pieds au Royaume depuis mes 12 ans. Sauf pour les funérailles de Tante Lavinia… ça va être marrant !
27 Octobre 2017
- On a besoin de quelqu’un pour accompagner Monsieur O’Hara.
Un silence pesant s’impose dans la salle. Simon relève la tête. Pourquoi personne ne se propose ? Il laisse quelques secondes flotter, regardant les autres agents de la CRASSE faire semblant qu’ils n’ont pas entendu. Lui, c’est le p’tit nouveau. Pourquoi il se proposerait ? À moins que ce soit l’idée des autres avec plus d’ancienneté ?
- Moi ? se propose-t-il
- C’est un moldu… commente un de ses nouveau collègue avec une certaine contrariété.
- Ah oui ? Il se lève d’un bond et rejoint le chef d’équipe. Vraiment ? Alors moi ! Moi, je veux bien accompagner Monsieur O’Hara !
- T’es sûr le nouveau ?
- Oh, mais je peux laisser ma place, hein ?
- Non, c’est bon, tu as choisi, trop tard, insiste un de ses collègues.
- Oui ! dit-il, serrant le poing en signe de victoire.